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Lettre de Judith à Anne (chapitre 15 d'origine)

Je te joins une photo, histoire que tu vois par toi même à quel point ils sont beaux.

Trois août deux mille seize.
 

Les pieds dans le sable et les yeux fermés. Le soleil est agréable sur la peau, une légère brise qui souffle et le bruit de conversations. Le ciel est aussi clair que la mer et que les yeux de Harry. C’est Lilian qui a dit ça.

 

Je suis assise sur un transat à profiter du beau temps et de la chaleur, apparemment la météo n’est pas aussi clémente à la maison. Tout est vraiment beau: le paysage aux couleurs chatoyantes, les gens qui sentent le sel de l’océan. Tout, vraiment. Ce n’est pas plus beau qu’à la maison, c’est juste différent. La forêt et le vert me manqueraient bien trop sur le long terme. J’aimerais vraiment que tu sois là, que vous soyez là, pour voir ce que je peux voir. Aussi parce que j’aimerais avoir quelqu’un avec qui partager tous les moments qui ont fait accélérer mon coeur depuis que je suis arrivée. Et il y en a eux, des moments pendant lesquels mon palpitant à faillit défaillir. J’ai choisi de t’écrire même si c’est vieux jeu. Même si je serais certainement rentrée avant la lettre. Mais dans mon esprit, il y a des choses qui ne peuvent être dit que par des mots, des vrais. Ceux venus d’une main.

 

Lilian va mieux. Elle est sortie de l’hôpital il y a quelques jours et Harry la surveille de près. Son insolation a créé de nombreux souvenirs, des bons comme des mauvais, le bonheur se présentant rarement seul. Elle se sent mal parce qu’elle nous a demandé de ne pas prévenir Harry avant la fin du concert, elle voulait bien faire mais ça l’a blessé du coup elle s’en veut. Il essaye de lui faire comprendre qu’il ne lui en veut pas, que l’important c’est qu’elle aille mieux mais elle n’entend pas grand chose à ses arguments. Elle est venue me voir pendant un concert, il ne la laisse plus aller dans les salles quand il fait trop chaud et ce soir là la chaleur était presque insupportable, et elle m’a dit qu’elle avait l’impression de l’avoir trahi. Bien sûr tu dois garder ça pour toi, je ne suis pas sûre que ma fille serait heureuse d’apprendre que j’ai partagé cette information. Je n’ai pas tenté de la rassurer, je sais très bien que je ne suis pas la mieux placée pour faire ça. Il est resté auprès d’elle de longues heures, il n’a pas une seule fois quitté l’hôpital entre le moment où il est arrivé pour la voir et sa sortie trois jours plus tard. Il m’a demandé de lui apporté des vêtements, il s’est douché dans la petite salle de bain de la chambre quand les infirmières étaient occupées et il dormait avec elle. Il a prit le temps d’aller lui acheter un chapeau lui même alors que les rues étaient bondées de fans, il lui a vissé sur la tête et lui a fait promettre qu’elle le mettrait. Elle tient sa promesse, elle ne sort jamais sans avoir le crâne couvert. Je suis bien contente qu’il lui ait dit parce que je ne pense pas qu’elle m’aurait écoutée. Enfin, je sais qu’elle m’aurait écoutée mais ça n’aurait pas été la même chose : il y a quelque chose entre ces deux là que personne ne peut comprendre. Ni même toi et moi.

 

La tournée avance et se passe bien. Les garçons sont fantastiques sur scène tous les soirs. Après toutes ces années j’apprécie toujours autant les écouter chanter et les voir s’amuser. Je pense cependant qu’ils commencent tous à en avoir un peu marre - l’enthousiasme bien que présent, est modéré. Je les comprends. L’autre jour, Liam m’a confié ne pas avoir vu ses parents depuis le mois de février et il a l’impression que les heures ne font que s’allonger. Pauvres petits. C’est Lilian qui motive les troupes, tous les soirs avant qu’ils ne montent sur scène elle leur rappelle combien de concerts ils ont déjà fait et combien ils leur en reste à faire. Elle dit qu’elle le fait aussi pour elle parce qu’elle a très envie de retrouvé son appartement. Leur appartement. Je crois qu’elle prévoit de rentrer un peu plus tôt qu’Harry, quelque chose comme dix jours avant lui, elle veut venir passer quelques jours à la maison. Elle dit qu’elle n’a pas vu son père depuis trop longtemps. Je la comprends. Ca fait une semaine que je suis partie et j’ai l’impression d’être ici depuis une éternité. Je pensais m’être habituée à vivre sans lui depuis le temps mais ça reste difficile. Tous les jours. Mais j’ai Lilian, elle a Harry et on vous a vous. Parfois je pense à quand ils étaient encore enfants, quand ils venaient à peine de se rencontrer, quand on s’est rencontrées pour la première fois. Est-ce que tu te serais doutée qu’un jour ils finiraient mariés ? En fait, je me suis toujours posée cette question. Je ne l’avais certainement pas vu venir. Je n’aurais jamais pu imaginer autant d’amour. C’est partout, partout autour d’eux, partout où ils vont. Je pensais qu’après quelques années je me serais habituée à les voir partager autant, à s’aimer autant. Pourtant mon cœur manque toujours un battement quand j’entends le souci et l’attention dans la voix d’Harry. Je retiens toujours ma respiration pendant quelques millièmes de secondes quand je vois Lilian le prendre dans ses bras et embrasser sa joue. Des gestes tout simple, un amour illimité, une confiance sans faille. Ils me rappellent que l’ont compliquent bien trop les choses de la vie, surtout l’amour. Tous les gens qui clament qu’être mariés est un travail mentent, être mariés c’est former une équipe harmonieuse. Je me souviens que Lilian m’avait un jour raconté qu’ils ne se voyaient pas comme un tout. Pas vraiment de nous, plus un toi et moi. J’ai trouvé ça joli. Quand ils nous ont dit qu’ils n’étaient plus amis, je m’en doutais. Je me suis dit qu’après quelques années, ils entreraient dans une routine. Je me suis dit que leur amour fusionnel se transformerait en amour tendre.

 

Treize ans qu’ils se connaissent. Quatre ans qu’ils s’aiment d’amour. Un an qu’ils sont mariés. Rien n’a changé, ils ont juste des alliances aux doigts.

 

Je suis sur la plage. Lilian vient de finir d’écrire je ne sais quoi et elle est partie rejoindre son mari. Mon bébé n’en est plus un, elle est grande et jolie et je suis tellement fière d’elle. Je sais que tu me comprendras. Ils sont assis sur une balançoire qui est installée dans l’eau. Ils se balancent, chacun sur leur siège, leurs pieds touchent la surface à chaque aller-retour. Ils rient comme des enfants, comme ils le faisaient sur la balançoire du parc en face de l’école. Il se regardent comme de jeunes amoureux, comme ils le faisaient après leur premier rendez-vous. Ils se parlent comme un vieux couple, comme ils le feront lorsqu’ils seront effectivement un vieux couple. J’ai pris une photo et je te la montrerais, je suis certaine que tu l’aimeras.


Ne t’en fais pas, je les surveille comme je le faisais il y a des années de cela. Ils sont beaux.

 

J’aimerais que tu sois là. Pour les voir s’aimer comme ils le font si bien.
J’aimerais que tu sois là. Pour les regarder prendre soin l’un de l’autre comme ils le font si bien.

J’aimerais que tu sois là. Pour me tenir la main et sourire. Et peut être aussi pour se demander quand on sera grands mères. (ou parier nous connaissant.)

 

Embrasse tout le monde à la maison Anne et n’oublie pas que l’on doit aller prendre le thé.
Judith.

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