CAM LILAC
the stories, pictures and mess

Chapitre 14, point de vue de Harry.

Le concert semblait sans fin. Je tentais désespéramment de sourire, d'afficher ma joie de vivre mais je n'y arrivais pas. C'était trop compliqué et beaucoup trop de choses se passaient dans ma tête. Plusieurs fois, je me suis demandé si je n'avais pas été trop dur. J'espérais qu'elle n'avait pas pris mes mots trop mal, je priais pour qu'elle me laisse la prendre dans mes bras une fois que j'en aurais enfin terminé ici et que je pourrais aller la retrouver dans les coulisses. Mais j'étais aussi en colère, elle m'avait à nouveau ignoré et je ne le supportait pas. J'étais distrait et toutes les trente secondes, je scannais les coulisses et la salle du regard afin de trouver Paul. Je l'avais fait promettre de venir dans les coulisses une fois qu'il serait revenu. Une fois qu'il aurait récupéré Lilian et Judith. Sauf que le concert était maintenant bien avancé, il nous restait une dizaine de chansons et il n'était toujours pas apparu. Il avait du oublié. Il était revenu depuis un bon moment maintenant, Lilian était installée dans le canapé de la loge où elle était sûrement en train de dormir et Judith était en train de lire dans un des fauteuils. Tout allait bien. Il avait simplement oublié de venir me faire signe. Rien de grave. Ou il y avait beaucoup d'embouteillages et ils étaient coincés à l'autre bout
de la ville. Je dus me retenir d'aller réclamer mon téléphone à Cal que je pouvais voir du coin de l'oeil en train de prendre des photos depuis le couloir qui avait été créé devant le public. Tout allait bien, je me faisais des idées. J'ai donc ignoré cette main qui me serrait l'estomac. Cette main qui essayait de me dire que quelque chose ne tournait pas rond et que j'avais raison de m'inquiéter. J'étais juste un petit peu trop protecteur envers elle, rien ne lui était arrivé. Souris aux fans bordel. Elle me rendait marteau, complètement dingue. C'est exactement pour ça que j'avais voulu aller la chercher moi même, au risque de retarder le concert, parce qu'il me fallait la voir avant de commencer.
Les garçons courraient d'un bout à l'autre de la scène et j'essayais de les suivre. Vraiment. J'y ai mis tout mon cœur. Allant même jusqu'à me convaincre que si je m'amusais ne serait-ce qu'un tout petit peu le temps passerait plus vite. Et ça a marché. J'ai fini par y croire et le temps bien qu'il ne passa pas plus vite, sembla plus agréable. J'avais salué de la main tous les côtés de la salle, envoyé quelques baisers et discuté avec deux ou trois fans placées au plus près de la scène. Le temps s'était écoulé et il était l'heure de la toute dernière chanson. Enfin. J'en ai souris de soulagement. Je me suis mis à imaginer ce que j'allais pouvoir lui dire, je devrais sûrement commencer par m'excuser pour ma froideur. Les premières notes de la chanson résonnèrent et j'y mis tout mon cœur, mais quelque chose attira mon attention. Cal laissa son appareil photo retomber autour de son cou et répondit au téléphone. Il discuta pendant quelques secondes avant de rapidement posé ses yeux sur moi. Quand la conversation fut terminée, il se dirigea vers l'accès aux coulisses. Quelque chose ne tournait pas rond, Cal ne quittait jamais la salle avant nous. Il s'était passé quelque chose et mon cœur se mit à battre plus fort. Faites que rien ne soit arrivé à Lily. Plus qu'un refrain et le salut final. Ni à Judith. J'ai tout fait pour me concentrer malgré le fait que mon estomac menaçait de se retourner. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'empêcher de penser au pire. Mais ce n'était pas de ma faute, j'étais amoureux et ça faisait ressortir le pire en moi. Je m'inquiétais sans arrêt, depuis nos neuf ans je n'avais pas passé une seule minute à ne pas m'inquiéter pour elle. J'étais désespérant et désespéré. Laissez moi sortir d'ici.
Quelqu'un du entendre mes prières parce que la chanson à peine terminée, alors qu'on se dirigeait vers les coulisses pour boire un peu avant d'aller saluer, je vis Lou me faire de grands gestes de la main. Elle avait deux téléphones dans une main, le sien et le mien, et des vêtements dans l'autre, une de mes chemises. Les garçons me suivirent.
_ Harry, Judith a appelé plus tôt dans la soirée mais m'a fait promettre de ne rien te dire avant la fin du concert.
Mon cœur sombra quelques part dans ma poitrine.
_ C'est Lilian, c'est ça ?
Les régisseurs s'affairaient autour de nous, ils nous demandaient de nous préparer à retourner sur scène. Liam leur demanda de faire attendre quelques secondes de plus. Lou hocha de la tête. Evidemment que c'était Lilian, elle n'aurait pas tremblé si ça avait été quelqu'un d'autre.
_ Qu'est-ce qu'elle a ?
_ Je sais pas vraiment, Judith a appelé en coup de vent. Je sais juste que Paul est avec elles et qu'ils sont à l'hôpital. J'ai tes affaires là et une voiture attend dehors.
_ Vas-y, on peut finir sans toi et tu nous tiens au courant ok ? Dit Zayn
J'ai du hoché de la tête rapidement, puis je me suis mis à courir dans les couloirs de la salle de concert. Je le savais. Depuis le début, je savais qu'il s'était passé quelque chose. J'avais cru être parano ou trop protecteur mais j'avais eu raison. Je me suis changé en route. J'ai balancé mon t-shirt dans un coin où personne ne le retrouverait, mais je n'en avais rien à faire, avant d'enfiler ma chemise.
La voiture démarra dès que je fus à l'intérieur. Ma tête vint reposer dans mes mains et je portai mon téléphone à l'oreille. Je n'avais pas composé le premier numéro de mon répertoire, et je dus étouffer un sanglot face à ce simple détail. La sonnerie ne résonna que deux fois.
_ Judith ?
_ Elle va bien Harry.
_ Vraiment ?
Je me suis mis à pleurer à peu près à ce moment là . Mon cœur qui était tombé et ébréché venait tout doucement se remettre en place.
_ Oui, elle a fait une insolation. On est restées toute l'après-midi au soleil et …
_ Elle a pas acheté de chapeau ? Je lui avais dit d'en acheter un. Pourquoi elle ne m'écoute pas ? J'aurais du venir vous chercher moi même, j'aurais pas du l'écouter. Je suis quel genre de mari moi hein.
_ Calme toi et viens, je t'expliquerais le reste d'accord ?
_ J'arrive, je suis déjà dans la voiture et on va sortir du parking là .
_ Je t'attends dans le hall.
_ Non ! Demandez à Paul de m'attendre, mais la laissez pas toute seule. S'il vous plaît.
_ D'accord, je serais avec elle.
_ Merci.
Malgré cet appel, je n'étais toujours pas rassuré. Je ne le serais pas tant que je ne pourrais pas la voir, et ce moment venait d'être retardé de quelques secondes voire minutes. Des fans avaient repéré la voiture sortant du parking qui nous était réservé et venaient d'entourer la voiture. Pourquoi maintenant. Le destin s'acharnait contre moi et c'était trop. Le chauffeur se retourna vers moi afin de s'excuser. Ce n'était pas de sa faute, ni même celle des fans. Elles ne savaient qui était dans la voiture ni pourquoi quelqu'un s'en allait avant la fin du concert, elles espéraient juste apercevoir quelqu'un qu'elles pourraient reconnaître. Malheureusement pour elles, les vitres étaient teintées . Malheureusement pour moi je savais qu'elles ne reculeraient pas pour autant.
Le trajet me parut une éternité, et quand enfin la voiture se gara devant l'hôpital, un souffle de soulagement m'échappa. Je sortis du véhicule à peine fut-il arrêté et je me ruai à l'intérieur. Comme promis, Paul étais dans l'entrée et il ne perdit pas de temps à me guider dans les étages et les couloirs. En route, il m'expliqua qu'il avait voulu m'appeler au risque de me déranger sur scène mais que Lilian leur avait demandé de ne rien dire avant la fin du concert. Je me suis arrêté en plein milieu d'un couloir où des lits étaient rangés sur les côtés. La colère monta en moi. Elle n'avait pas acheté de chapeau, elle m'avait ignoré tout l'après-midi et elle avait demandé à ce que je ne sois pas prévenu.
_ Harry ?
Paul me sortit de mes pensées mais pas de ma colère. Elle me cherchait, c'était la seule explication logique. Sauf que Lilian était comme ça, elle faisait toujours passer le reste avant elle et je ne le supportais pas. Nous sommes enfin arrivé près de sa chambre, Judith était dans le couloir et elle me prit dans ses bras dès qu'elle m'aperçut. Elle prit mon visage entre ses mains et je sentis mes larmes coulées. Inquiétude et colère s'évacuaient.
_ Elle va bien Harry.
_ Si elle allait bien on ne serait pas là . Rétorquai-je.
_ Les médecins se sont occupés d'elle, elle se repose maintenant. Et ils vont la garder en observation.
_ POURQUOI VOUS L'AVEZ ECOUTEE ? POURQUOI EST-CE QU'ON NE M'A PAS PREVENU AVANT ?
Je m'étais mis à hurler. Parce que la colère me rongeait de l'intérieur et que je ne savais pas comment l'exprimer. On devait me regarder, me dévisager. Peut être même qu'on avait envoyé la sécurité.
_ Elle nous a demandé d'attendre que tu aies terminé, elle ne voulait pas qu'on te dérange.
_ JE M'EN FICHE DU CONCERT, ON PARLE DE MA FEMME. JE SERAIS PARTI EN PLEIN MILIEU D'UNE CHANSON SI J'AVAIS DU.
_ Je sais Harry. Ecoute moi, elle a fait une insolation et une déshydratation. Ils sont en train de la réhydrater. Elle ne savait pas que ça allait vraiment pas avant de monter dans la voiture.
_ ELLE A MENTI ! ELLE DEVAIT SAVOIR QUE CA ALLAIT PAS !
_ Elle avait juste légèrement mal à la tête quand elle t'a appelé, rien d'autre.
_ MAIS ELLE A RIEN DIT, ENCORE UNE FOIS. PARCE QU'ELLE NE COMPRENDS PAS.
_ Qu'est-ce qu'elle ne comprend pas Harry ? Regarde moi et dis moi, qu'est-ce qu'elle ne comprend pas ? Me dit-elle en me forçant à la regarder.
_ Que je l'aime. Murmurai-je.
_ Oh crois moi, elle sait que tu l'aimes. Elle le sait et elle le comprend parfaitement.
_ Elle comprend pas que j'en ai rien à faire du reste. Elle fait toujours tout passer avant elle alors que je veux la faire passer avant tout. Elle comprend pas qu'elle puisse être aussi importante mais elle est ma vie et ça me tue qu'elle ne me laisse pas prendre soin d'elle comme je veux le faire.
_ Explique lui alors, dis lui, répète lui. Mais Harry, tu t'occupes parfaitement d'elle et son père voulait quelqu'un exactement comme toi pour elle. Je suis sûre que si il avait eut le temps de vous voir grandir ensemble il l'aurait poussée vers toi. Va la voir maintenant et dis lui à quel point tu l'aimes.
Elle m'a ouvert la porte et je me suis glissé à l'intérieur de la chambre. Elle était dans le lit mais elle ne dormait pas. Je savais qu'elle arriverait à la lire la colère sur mon visage mais j'étais trop occupé à la scanner, à me faire mon propre diagnostic, pour essayer de la cacher. Elle était pâle et avait l'air fatiguée. Une perfusion était branchée dans son bras et malgré tout ça, elle était encore plus belle que toutes les autres.
_ T'énerve pas s'il te plaît. Murmura-t-elle.
_ J'ai plus envie de m'énerver. Je me suis énervé après tout le monde ce soir.
_ Sois pas en colère après moi alors.
Je fermai les yeux quelques millièmes de secondes avant d'aller m'assoir dans un des fauteuils placé à côté du lit.
_ J'ai tellement de mal à ne pas être en colère après toi là maintenant. Et c'est vraiment étrange comme sensation parce que j'ai jamais vraiment été en colère après toi mais j'arrive pas à ne pas être furieux. Tu m'as pas écouté, tu m'as ignoré et tu m'as laissé impuissant. J'étais en train de chanter pendant qu'on t'amenait ici et personne n'est venu me prévenir parce que tu leur a demandé d'attendre la fin du concert.
_ Je voulais pas priver tes fans de ta présence, c'était une soirée importante pour eux.
_ MAIS T'ES MA VIE BEBE ! C'était une soirée au milieu de centaines voire de milliers, j'ai qu'une vie et c'est toi qui la contrôle. T'as pas le droit de me laisser dans le noir quand t'es le soleil de mon ciel. T'as pas le droit Lilian. La scène c'est une chose, t'en es une autre. Je me sens complet quand je suis sur scène, tu le sais. Mais quand je suis avec toi, j'ai l'impression d'être une boule d'émotions. Je sais jamais laquelle va l'emporter et parfois ça me fait peur. Comme ce soir. Mais ça me fait aussi tellement de bien, c'est imprévisible et c'est comme ça que j'aime ma vie. J'arrêterai tout si tu me le demandais parce que t'es la constante de ma vie. Pas la musique, pas le groupe, même pas les fans. Toi, c'est toi qui as toujours été là même quand on était loin l'un de l'autre. Je ferais n'importe quoi pour toi parce que je t'aime comme ça.
_ T'énerve pas s'il te plaît, me demanda-t-elle à nouveau. Je voulais pas t'énerver, je savais même pas que je me sentais mal avant d'être montée en voiture.
_ Me refais pas ça. Ne m'ignore pas quand je t'appelle, je croyais qu'on avait réglé ce problème.
_ Je le ferais plus, je répondrai.
_ Laisse moi être près de toi quand tu as besoin de moi, c'est toi avant le reste du monde bébé. Je ferais pas le concert de demain, je reste avec toi. Laisse moi m'occuper de toi, je t'en supplie.
Je devais avoir l'air ridicule, mais je m'en moquait. Il fallait qu'elle sache.
_ Je suis désolée.
_ Ne recommence pas, j'ai promis à ta mère de prendre soin de toi et à ton père de t'aimer comme il le faisait.
_ Je t'aime.
_ Je suis pas en colère petit coeur, pas la peine d'essayer de m'attendrir. Lui fis-je remarquer.
_ J'ai compris mais je t'aime.
_ Parfois ça me fait mal de t'aimer bébé, parce que parfois mon amour me submerge. Mais je m'en fiche parce que je prendrais la douleur et je me noierai pour toi n'importe quand. Et t'es belle, même avec une insolation et une perfusion dans le bras.
Elle s'est décalée dans le lit et m'a fait signe de venir m'installer à côté d'elle. Je me suis exécutée, qui suis-je pour lui refuser mes bras ? Comme si on était à la maison ou dans une de nos chambres d'hôtels, elle s'est installée contre moi.
Je ne m'étais jamais attendu à aimer avec autant de passion, parfois ça me faisait même mal mais c'était elle alors je ne me plaignais pas. Elle en valait la peine.